Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blog de Jean-Louis Savignac
Blog de Jean-Louis Savignac
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 82 748
14 mai 2011

Geneviève Callerot: La plume de la forêt de la Double

Callerot__15_Article paru le 8 mai 2011 dans Sud Ouest

Geneviève Callerot, 95 ans, pense à son sixième roman

"Il faut que je me décide à avoir internet", confie l'écrivaine doublaude.

Dans le salon grand comme un hall de gare, une pendule comtoise affiche obstinément 16 h 55. Ou 4 h 55, allez savoir! Le temps fait du sur-place. Deux tables de ferme, immenses, mises bout à bout, attendent demain 40 convives. En cuisine, la famille s'active. Geneviève Callerot, comme à son habitude, étale ses feuillets manuscrits et reconstitue la chronologie de son récit. Elle a noirci, au stylo bille, des feuilles et des feuilles, toujours assise au bout de la table rustique, tournant le dos à la cheminée au tablier noirci, où la marmite est suspendue à la crémaillère. Elle a de grands yeux tout neufs. Des saphirs de 20 ans. La jeune écrivaine-paysanne souffle ses 95 bougies le 6 mai. Et quand on l'interroge sur le secret de sa vitalité, elle la met au crédit d'une activité physique régulière.

"Je travaille mon jardin tous les jours. Physiquement, cela m'entretient et puis je ne cherche pas à m'encombrer l'esprit".

Du côté de la vie

En deuxième lieu, son entrain est à mettre au compte d'une philosophie de vie et d'une foi inébranlable. "Pour être heureux, pour gagner la vie future, il faut respecter certains préceptes. Il ne suffit pas de dire: aimons-nous les uns les autres. Il faut l'appliquer".

Elle est adepte du verre à moitié plein. Plutôt du côté de la vie. "Je remercie le créateur chaque matin, car je pourrais être grabataire, alitée...Pourquoi s'en faire. Tout a une fin. Ce dont nous sommes sûrs c'est que nous sommes nés et que nous allons mourir. Dans l'intervalle, nous avons tous quelque chose à faire. Il faut tout faire pour rendre les choses plus belles et meilleures". N'a t-elle pas appliqué cette règle de vie, elle qui aidait les personnes en difficulté à passer la ligne de démarcation à Echourgnac?

Après avoir quasiment traversé le 20è siècle et attaqué le 21e, l'écrivaine qui ne se lasse d'observer le monde est partagée. Un optimisme mâtiné de pessimisme. " On va dans un mur. Tout le monde le voit, sauf les dirigeants. On va vers une évolution ou une révolution. Il fait jour tous les matins. C'est ce que j'ai écrit au président de la République. Je l'invitais à faire une immense campagne sur le photovoltaïque. Si tout le monde s'y mettait, cela solutionnerait un certain nombre de choses" , commente la plus parisienne des Doublaudes qui conduit toujours son automobile.

A Saint-Aulaye depuis 1920

Celle qui a appris à traire les vaches à 11 ans, est née dans le 14e arrondissement de Paris et a débarqué à Saint-Aulaye à l'âge de quatre ans et demi, en novembre 1920. Il neigeait et la voiture qui les acheminait est tombée dans le fossé, entre Chalais et Saint-Aulaye. Les Callerot ont passé la nuit dans le froid, avant d'être remorqués au petit matin par des boeufs. Geneviève Callerot née Morise n'a jamais vraiment bougé de ce coin de terre. Elle n'est jamais allée en classe. L'école était trop éloignée de Cassarat. Sa mère a joué le rôle d'institutrice. Et à 22 ans, elle a repris les cours par correspondance, à l'école d'agriculture d'Angers. Et s'est gavée de lectures. "J'ai énormément lu. Je lisais tout ce qui me passait sous la main. Cela a influé sur mon écriture", commente Geneviève Callerot.

Cousine de l'écrivain Jean Charles

Si la famille a jeté l'ancre en 1920, c'est près de 60 ans après que l'écrivaine paysane a jeté l'encre. Elle a commencé à écrire sur un petit carnet vert, avec un crayon de couleur, tout en gardant les vaches. "Je me suis mise à écrire Les cinq filles du grand barrail", précise l'auteur. L'ouvrage qui s'est vendu à 15 000 exemplaires et qui a été réédité en " format poche" en 2007 est sorti en 1983 grâce au coup de pouce d'un certain Jean Charles. Elle était la cousine de l'écrivain (leurs mères étaient soeurs). Né à Saint-Aulaye en 1922, il avait inventé avant l'heure les "perles" de comptoir, avec sa "Foire aux cancres" et ses "Perles du facteur". Il a trouvé un éditeur à sa cousine. Elle a alors enchaîné les romans. Et elle met une dernière main au cinquième. "Je piétine sur les quatre dernières pages", confesse l'écrivain. "Les livres: ou vous en avez marre et ça se finit en queue de poisson, ou vous êtes très attaché à vos personnages et vous n'arrivez pas à vous séparer d'eux", précise Geneviève Callerot.

Ce qui ne l'empêche nullement de se projeter sur son sixième bouquin. Ce sera le roman d'une vache. Elle évoquera, à, travers son récit, l'évolution de la Double. Ce qui l'obligera à avoir accès à des données démographiques et statistiques. "Je ne sais pas ce qu'est un ordinateur, mais il faut que je me décide à avoir internet".

 

Jean-Louis Savignac

Callerot__1_

Photo: Geneviève Callerot met une dernière main à son cinquième roman. "Quand on est très attaché à ses personnages on n'arrive pas à se séparer d'eux". (Photo JEAN-LOUIS SAVIGNAC)

 

Répertorié sur le site de Sud-Ouest:

http://www.sudouest.fr/2011/05/08/la-plume-de-la-foret-de-la-double-392206-4720.php

Publicité
Commentaires
D
En lisant ce livre j’ai vécu la vie des mes arrières grands parents...issus de cette Double...<br /> <br /> Tous les villages et villes m’ont parlé...SAUF Saint-Martin...où se trouve cet endroit?
Répondre
Blog de Jean-Louis Savignac
  • Journaliste de presse écrite. Dessinateur de presse, caricaturiste. Dessins pour la télévision. Croquis judiciaires. Animations graphiques. Retraité du journal L'Yonne-Républicaine. Travaille depuis 2011 pour le journal Sud Ouest
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité